Page:Stevenson - Catriona.djvu/90

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remercier pour cette heureuse solution et je le fais avec reconnaissance. Après la journée de hier, milord, cela me produit l’effet du paradis. Je peux à peine y croire !

— Vous pouvez y croire, dit-il avec douceur, et je suis très content de vous entendre me remercier, car je pense que vous pourrez sous peu me prouver votre gratitude ; — il toussa — ou même dès maintenant. — Votre déposition (quoique je ne veuille pas vous ennuyer de cela maintenant) changera sans nul doute le fond du procès pour toutes les personnes dont il s’agit, et cela me permet d’entrer avec vous dans des considérations accessoires.

— Milord, m’écriai-je, excusez-moi de vous interrompre, mais comment tout cela est-il devenu possible ? Les obstacles dont vous me parliez samedi semblaient, même à moi, tout à fait insurmontables. Comment a-t-on pu les écarter ?

— Mon cher monsieur David, répliqua-t-il, vous comprenez que même à vous, comme vous dites, il ne me siérait pas de divulguer les desseins du gouvernement ; vous devez vous contenter, s’il vous plaît, de savoir le fait lui-même. »

Il me sourit d’un air paternel tout en jouant avec sa plume, il semblait qu’il fût impossible de soupçonner cet homme d’une ombre de fausseté ; cependant, quand il prit une feuille de papier, trempa sa plume dans l’encrier, et recommença à m’adresser la parole, je ne me sentis plus aussi certain de sa sincérité et je me tins sur mes gardes.

« Il y a un point que je voudrais aborder, dit-il ; je l’ai laissé dans l’ombre avec intention, mais ce n’est plus nécessaire maintenant. Cela ne fait pas partie, bien entendu, de votre interrogatoire dont je n’ai pas à m’occuper ; ce que je vous demande est d’un ordre privé et me touche personnellement : vous dites que vous avez rencontré Alan Breck sur la colline ?