Page:Stevenson - Catriona.djvu/91

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— C’est vrai, milord.

— Immédiatement après le meurtre ?

— Immédiatement.

— Lui avez-vous parlé ?

— Je lui ai parlé.

— Vous le connaissiez déjà ? dit-il négligemment.

— Je ne puis deviner quelles raisons vous avez de le supposer, Milord, mais cela est exact.

— Et quand l’avez-vous quitté de nouveau ?

— Je réserve ma réponse, répondis-je, cette question me sera posée aux Assises.

— Monsieur Balfour, dit-il, vous ne voulez pas comprendre que mes questions ne peuvent vous nuire. Je vous ai promis la vie et l’honneur ; croyez-moi, je suis un homme de parole. Vous pouvez par conséquent me répondre en toute sécurité. Vous supposez, à ce que je vois, que vous pouvez protéger Alan ; et vous me parlez de votre gratitude qui, j’ose le dire, est assez bien justifiée. Il y a là-dedans bien des considérations diverses, toutes visant le même but, et je ne croirai jamais que vous ne puissiez pas nous aider à mettre la main sur Alan si vous le vouliez.

— Milord, je vous donne ma parole que je ne puis même pas deviner où est Alan. »

Il attendit une seconde.

« Ni comment on pourrait le trouver ? » demanda-t-il.

Je demeurai devant lui muet comme un soliveau.

« Voilà la preuve de votre reconnaissance, — et il laissa passer encore un moment de silence. Eh bien, je n’ai pas de chance, reprit-il enfin en se levant, je n’ai pas de chance et nous jouons toujours aux propos interrompus. Mais c’est assez. Vous serez prévenu du jour, du lieu et du personnage qui doit vous interroger. En attendant, mes filles comptent sur vous, elles ne me pardonneraient pas de retenir leur cavalier. »