Page:Stevenson - Catriona.djvu/96

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— Voilà qui est bien dit, répliquai-je, et je suppose que vous ne consentirez plus une autre fois à servir d’instrument à mes ennemis.

— Non, en vérité, Balfour, et je trouve que l’on a mal agi avec moi, c’est comme si on m’avait donné une vieille femme pour adversaire. Je le déclarerai au comte et je le provoquerai lui-même.

— Si vous saviez le motif de ma querelle avec M. Simon, vous seriez plus offensé encore d’avoir trempé dans l’affaire. »

Il jura qu’il en croyait ma parole, que tous les Lovat étaient faits de même farine et qu’ils sortaient de la meule du diable. Tout à coup, me prenant la main, il proclama que j’étais un bon garçon, qu’il était grand dommage que mon éducation eût été négligée au point de vue des armes, et que, s’il en avait le temps, il s’en occuperait lui-même avec plaisir.

« Vous pouvez me rendre un bien plus grand service, lui dis-je alors, c’est de venir avec moi chez un de mes ennemis pour attester comment je me suis conduit aujourd’hui ; voilà le vrai service, car quoiqu’il m’ait envoyé un galant homme pour adversaire, c’était certainement ma mort que désirait M. Simon. Il en enverra un second, puis un troisième, et vous pouvez juger par ce que vous avez vu de mon habileté quel sera le résultat.

— Je n’aimerais pas plus que vous cette perspective si j’avais votre âge. Mais je veux vous faire réparation et justice, Balfour, conduisez-moi. »

Nous nous mîmes aussitôt en route ; si le matin j’avais marché lentement, mes pieds au contraire étaient légers quand nous sortîmes du Park. C’était comme dans la vieille chanson : « Sûrement, l’amertume de la mort est passée. » Je me souviens que j’étais extrêmement altéré et en passant, je bus au puits de Sainte-