Page:Stevenson - Catriona.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Marguerite ; la douceur de cette gorgée d’eau me parut délicieuse. Nous allâmes à travers l’Asile, puis par Canongate et fûmes bientôt à la porte de Prestongrange. Tout en marchant, nous avions arrangé entre nous les détails de ce qui allait se passer. Le valet de pied nous apprit que son maître était chez lui, mais qu’il était occupé et que sa porte était défendue.

« Mon affaire ne durera pas plus de trois minutes et elle ne souffre point de retard, dis-je, elle n’a rien de secret et je serai même content d’avoir des témoins. »

Pendant que le domestique s’éloignait, non sans répugnance, pour s’acquitter de sa commission, nous osâmes le suivre dans l’antichambre, où l’on entendait le murmure confus de plusieurs voix dans la pièce voisine. Le fait est qu’ils étaient trois à la même table, Prestongrange, Simon Fraser et M. Erskine, shérif de Perth, et tous justement en consultation sur le crime d’Appin ; ils parurent un peu troublés par les paroles du valet, mais décidèrent de me recevoir.

« Eh bien, monsieur Balfour, qu’est-ce qui vous ramène ? et qui est cet officier qui vous accompagne ? » demanda l’avocat général.

Quant à Fraser, il se borna à regarder la table devant lui.

« Cet officier est ici pour apporter un petit témoignage en ma faveur, milord, et j’espère que vous voudrez bien l’entendre, dis-je en me tournant vers Duncansby.

— J’ai seulement ceci à déclarer, dit le lieutenant : je me suis battu aujourd’hui avec Balfour à Hunters’Bog — je le regrette maintenant, d’ailleurs ; — il s’est conduit aussi noblement que peut le souhaiter un gentilhomme. Et j’ai un grand respect pour Balfour, ajouta-t-il.

— Je vous remercie, lui dis-je, de votre honnête langage. »