Les clefs étaient suspendues dans le placard, et je comptais me tenir armé avant que mon oncle retrouvât, avec sa pleine connaissance, la possibilité d’inventer quelque nouvelle méchanceté.
Le placard contenait diverses bouteilles, des potions médicinales, à ce qu’il me semblait, une grande quantité de billets et d’autres papiers, où j’aurais eu plaisir à fourrager, si j’en avais eu le temps, plus quelques objets usuels qui ne pouvaient me servir à rien.
Je jetai ensuite un coup d’œil aux caisses.
La première était pleine de provisions ; la seconde contenait des sacs d’argent et des papiers réunis en paquets ; dans la troisième, parmi quantité d’objets, et surtout d’habits, je découvris un vieux poignard de highlander, tout rouillé et sali, sans fourreau, je le cachai sous mon gilet et m’occupai alors de mon oncle.
Il était resté dans la position où il était tombé, tout recroquevillé, un genou levé, un bras allongé ; une singulière teinte bleue était répandue sur sa figure ; on eût dit qu’il ne respirait plus.
Il me vint une crainte qu’il ne fût mort. Alors j’allai chercher de l’eau, dont je jetai quelques gouttes à sa figure ; cela parut le faire revenir quelque peu à lui-même, car ses paupières battirent et il eut une torsion de la bouche.
Enfin il regarda en haut et me vit ; alors j’aperçus dans son regard une épouvante qui n’avait rien de terrestre.
— Allons, allons, relevez-vous, asseyez-vous.
— Vous êtes vivant, sanglota-t-il, est-ce que vous êtes vivant ?
— Je le suis, répondis-je, et je n’ai pas à vous en remercier.