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Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/116

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Il faisait des efforts pour recouvrer la respiration, en poussant de profonds soupirs.

— La fiole bleue ! dit-il, dans l’armoire, la fiole bleue.

Sa respiration se ralentit encore.

Je courus au placard, et j’y trouvai en effet une fiole bleue de pharmacie, avec la dose indiquée sur une étiquette, et je lui fis prendre cette dose le plus promptement possible.

— C’est la maladie, dit-il en revenant un peu à lui ; j’ai une maladie, David, c’est au cœur.

Je l’assis sur une chaise et le considérai.

J’avoue que j’éprouvais quelque pitié pour un homme qui paraissait si malade, mais je n’en étais pas moins plein d’une colère bien justifiée.

Je lui détaillai point par point les sujets sur lesquels il me fallait une explication :

Pourquoi il ne m’avait pas dit un mot qui ne fût un mensonge.

Pourquoi il craignait que je le quittasse ; pourquoi il n’aimait pas que l’on supposât devant lui que mon père et lui fussent jumeaux.

— Était-ce parce que c’était la vérité ? demandai-je.

Pourquoi il m’avait donné de l’argent auquel je n’avais aucun droit, ainsi que j’en étais convaincu, et pour terminer pourquoi il avait tenté de me faire périr.

Il entendit tout cela sans mot dire ; puis d’une voix brisée, il me demanda de le laisser aller se coucher.

— Je vous dirai tout demain matin, fit-il. Aussi vrai que je mourrai, je vous le dirai.

Il était si faible que je ne pus faire autrement que d’y consentir.