Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/149

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placée au milieu du pont. En somme, ce qu’il y avait de meilleur comme aliments et boissons, et de plus toute la provision de poudre se trouvaient dans cet endroit ; toutes les armes à feu, excepté les deux pièces d’artillerie en bronze, étaient rangées dans un râtelier contre la cloison qui formait le fond de la dunette.

Quant aux coutelas, la plupart se trouvaient ailleurs.

Une petite fenêtre, avec deux volets, et un hublot dans le haut l’éclairaient pendant le jour ; la nuit venue, une lampe y brûlait sans interruption.

Elle était allumée quand j’entrai.

Elle n’éclairait guère, assez cependant pour que je puisse voir M. Shuan assis à la table, ayant devant lui une bouteille d’eau-de-vie et le gobelet de fer-blanc.

C’était un homme de haute stature, aux formes athlétiques, au teint très brun.

Le regard fixe et l’air hébété, il contemplait la table.

Il ne remarqua pas mon arrivée. Il ne bougea pas davantage quand le capitaine entra après moi et s’adossa à la cabine qui se trouvait à côté de moi, regardant le premier maître d’un air sombre.

J’avais grand’peur d’Hoseason, et j’avais mes raisons pour cela ; mais quelque chose me disait que je n’avais rien à craindre de lui en ce moment, et je murmurai à son oreille :

— Comment va-t-il ?

Il secoua la tête de l’air d’un homme qui ne sait à quoi s’en tenir, et ne veut pas aller au fond des choses, et sa physionomie prit une expression dure.

Aussitôt M. Riach entra.

Il jeta au capitaine un regard qui annonçait la mort de l’enfant aussi nettement que s’il l’eût dit en propres termes, et il se plaça près de nous.