Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/148

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Il était incliné à tribord, et vers la gauche, sous l’arc de cercle que formait le bord inférieur de la grande voile, je pus voir un beau coucher de soleil.

Ce spectacle, à pareille heure de la nuit, me surprit grandement, mais j’étais trop ignorant pour arriver à la vraie explication, c’est-à-dire pour comprendre que nous contournions le nord de l’Écosse, et que nous étions ce jour-là en pleine mer, entre les îles Orcades et les Shetland, après avoir évité les dangereux courants du golfe de Pentland.

Pour moi qui avais été si longtemps enfermé dans l’obscurité, et qui ne savais rien des vents contraires, je m’imaginais que nous devions avoir traversé la moitié de l’Atlantique et même plus.

Et vraiment, à part l’étonnement que me causait un coucher de soleil aussi tardif, je n’y fis nulle attention, et je traversai le pont en toute hâte, courant entre deux inclinaisons de vaisseau, me heurtant aux cordages ; je faillis même passer par-dessus bord, et je ne dus mon salut qu’aux matelots qui se trouvaient sur le pont, et qui avaient toujours été bons pour moi.

La dunette, dont le service m’était imposé et où je vais désormais coucher et travailler, se trouvait à environ six pieds au-dessus du pont, et si l’on tient compte de la dimension du brick, elle était assez vaste.

À l’intérieur étaient fixés une table et un banc, il y avait aussi deux postes, un pour le capitaine et un pour le second et le maître d’équipage à tour de rôle.

La dunette était entièrement garnie de tiroirs à serrures, du haut en bas, et permettant de ranger les effets appartenant aux officiers et une partie des approvisionnements du navire.

Il y avait au-dessous une seconde chambre aux provisions, à laquelle on avait accès par une écoutille