Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/190

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Or, les fermiers d’Appin ont à payer une redevance au roi George, mais leur fidélité est à l’épreuve, ils sont dévoués à leur chef, et grâce à cette affection, en les pressant un peu, en usant de menaces à l’occasion, les pauvres gens économisent de quoi payer une autre redevance à Ardshiel.

Eh bien, David, c’est moi qui suis l’intermédiaire.

En disant ces mots, il frappa sur la ceinture qui lui entourait le corps, et fit tinter les guinées.

— Est-ce qu’ils paient les deux redevances ? m’écriai-je.

— Oui, David, les deux ! dit-il.

— Comment ? deux redevances ! répétai-je.

— Oui, David, répondit-il, j’ai raconté toute autre chose à votre capitaine, mais c’est la vérité vraie. Et ils ne se font pas trop prier, c’est quelque chose d’admirable. Pour cela, c’est l’affaire de mon bon parent, l’ami de mon père, James des Vaux James Stewart, qui est le demi-frère d’Ardshiel. C’est lui qui récolte l’argent, qui se charge des arrangements.

Ce fut la première fois que j’entendis prononcer le nom de James Stewart, dont on parla tant dans la suite, à l’époque où il fut pendu.

Mais je n’y fis guère attention pour le moment, car mon esprit était tout à la générosité de ces pauvres highlanders.

— Voilà ce que j’appelle de la noblesse ! m’écriai-je. Je suis un Whig ou je ne vaux guère mieux, mais j’appelle cela de la noblesse.

— Oui, dit-il, vous êtes un Whig, mais vous êtes un gentleman, et c’est pourquoi vous parlez ainsi. Mais si par hasard vous apparteniez à cette maudite race des Campbell, vous grinceriez des dents rien qu’à en entendre parler. Si vous étiez le Renard Rouge….