Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rien qui ressemble à un gaillard embusqué derrière un fourré de bruyère. Mais il n’en est pas tout à fait ainsi. Voilà ce qu’il a fait.

— Oui, répondis-je, arrivez-y.

— Bon, David, reprit-il. Comme il ne pouvait pas se débarrasser des tenanciers loyaux par les moyens légaux, il a juré qu’il en viendrait à bout par des moyens malhonnêtes. Il fallait amener Ardshiel à mourir de faim. C’était là qu’on voulait en venir. Et puisque ceux qui le nourrissaient en exil ne voulaient pas se laisser acheter, il viendrait à bout de les expulser, à tort ou à raison. Il se mit donc en quête de gens de loi, de papiers, d’habits rouges pour le soutenir. Et voilà les braves gens de ce pays réduits à déménager, à partir à pied, chaque fils forcé de quitter la maison de son père, l’endroit où il était né, où il avait joué quand il était petit. Et quels sont ceux qui vont les remplacer ? Des mendiants aux jambes nues. Le roi George peut siffler pour avoir ses revenus. Il s’arrangera avec le peu qui en restera. Colin le Rouge n’en a cure. Du moment qu’il peut nuire à Ardshiel, c’est tout ce qu’il veut ; qu’il puisse enlever le pain de la table de mon chef, et quelques pauvres jouets aux mains de ses enfants… il retournera chez lui en chantant : vive Glenure !

— Laissez-moi dire un mot, fis-je. Soyez certain que s’il touche moins de revenus, le gouvernement a un doigt dans l’affaire. Ce n’est pas la faute de Campbell, mon ami, ce sont les ordres qu’il a reçus. Et si vous tuiez ce Colin aujourd’hui, vous en trouveriez-vous mieux ? Il y aurait un autre intendant à sa place, à peine dans le délai nécessaire pour monter à cheval.

— Vous êtes un rude gaillard dans la bataille, dit