Alan, mais, mon garçon, vous avez le Whiggisme dans le sang.
Il y avait dans ces paroles assez de bienveillance, mais il y avait aussi tant de colère sous son dédain, que je crus sage de changer le sujet de la conversation.
Je lui exprimai mon étonnement de ce que dans un pays couvert de troupes, comme l’étaient les Highlands, et gardé comme une ville assiégée, un homme dans sa situation pût aller et venir sans être arrêté.
— C’est plus aisé que vous ne croyez, dit Alan. Une pente de colline nue, voyez-vous, est une simple route. S’il y a une sentinelle, vous n’avez qu’à prendre un autre chemin. De plus, la bruyère vous est d’un grand secours. Partout on a des amis, des granges et des meules de foin qui sont à des amis. En outre, quand on dit qu’un pays est couvert de troupes, ce n’est qu’une manière de parler. Un soldat ne tient pas plus de place que les semelles de ses bottes. J’ai pêché dans une rivière avec une sentinelle en faction sur l’autre bord. J’ai pris une belle truite. Je suis resté assis dans la bruyère à moins de six pieds de distance d’un autre soldat ; et en l’écoutant siffler, j’ai appris un air très joli. Le voici.
Et il me siffla cet air.
— Ce n’est pas tout, continua-t-il, et il ne fait pas aussi mauvais à présent qu’en mil sept cent quarante-six. Les Highlands sont pacifiés, comme ils le disent.
Cela n’est guère étonnant, puisqu’ils n’ont laissé ni un fusil, ni une épée depuis Cantyre jusqu’au cap de la Fureur, à l’exception des armes que les gens soigneux ont cachées dans le chaume de leur toit.