Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

monnaie, ils vous rendaient un demi-penny très poliment.

Mais ces mendiants des Hautes-Terres gardaient toute leur dignité. À les en croire, ils ne demandaient l’aumône que pour s’acheter du tabac à priser et ils se refusaient à rendre la monnaie.

Assurément cela ne me regardait en rien, à part la distraction que j’y trouvais en cheminant.

Mais ce qui me touchait de bien plus près, c’est que fort peu parlaient un peu anglais et que ces quelques gens, à part ceux qui faisaient partie de la confrérie des mendiants, étaient peu disposés à le mettre à mon service.

Je savais que le but de mon voyage était Torosay. Je leur répétai ce mot en indiquant une direction, mais au lieu de me répondre simplement par l’indication de cette direction, ils me lâchaient une bordée de gaélique qui me faisait perdre la tête. Il n’est donc pas étonnant que je me sois écarté de ma route autant de fois que je me suis arrêté.

Enfin, vers huit heures du soir, et déjà fatigué, j’arrivai à une maison isolée, où je demandai à entrer.

On me refusa, mais je me souvins du pouvoir de l’argent dans un pays aussi pauvre, et je montrai une de mes guinées en la tenant entre l’index et le pouce.

Sur cela, le maître de la maison, qui jusqu’alors avait prétendu ne pas savoir un mot d’anglais et avait eu recours au langage des signes pour m’éloigner de sa porte, trouva aussitôt le moyen de s’exprimer aussi clairement qu’il le fallait, et nous convînmes que pour cinq shellings il me logerait une nuit, et me servirait le lendemain de guide jusqu’à Torosay.