Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/238

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cier était en retard, il fût capable de lui plonger un poignard dans le ventre.

— Vous l’arrangez bien, monsieur Henderland, lui dis-je. Si des deux côtés on ne connaît que la crainte, je ne tiens pas à en apprendre davantage.

— Non, dit M. Henderland, il y a aussi l’affection, l’abnégation, et elles sont bien capables de faire honte à des gens comme vous et moi. Il y a là quelque chose de beau, sinon au point de vue chrétien, du moins au point de vue humain. Alan Breck lui-même, d’après tout ce que je sais, est un gaillard qui mérite le respect. Il y a maint vieux roublard confit en dévotion dans cette région du pays où nous nous trouvons, qui fait bonne figure devant le monde, tout en étant peut-être un homme bien pire, monsieur Balfour, que cet égaré avec sa passion de verser le sang. Oui, oui, nous pourrions prendre des leçons d’eux. Vous trouverez peut-être que j’ai parlé trop longuement des Hautes-Terres ? dit-il en me souriant.

— Pas le moins du monde, répondis-je. J’ai trouvé bien souvent des motifs d’admirer les Highlanders, et puisqu’il en est question, M. Campbell lui-même était un Highlander.

— Ah ! dit-il, c’est vrai. C’est une belle race.

— Mais que fait donc l’agent du Roi ? demandai-je.

— Colin Campbell, dit Henderland, il fourre sa tête dans un nid d’abeilles.

— Il se prépare à chasser par la force les tenanciers, à ce que j’entends dire.

— Oui, répliqua-t-il ; mais l’affaire ne marche pas toute seule, comme l’on dit. Tout d’abord, James des Vaux s’est rendu à cheval à Édimbourg, et a trouvé un homme de loi, un Stewart, je suppose, car ils se tiennent tous les uns aux autres, comme les chauves-