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Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/239

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souris dans un clocher, et il a fait suspendre l’affaire. Alors Colin Campbell reparaît en scène et reprend le dessus devant les Barons de l’Échiquier. Aujourd’hui, on m’apprend que le premier des tenanciers va être expulsé demain. On commencera à Duror, sous les fenêtres mêmes de James, ce qui ne semble pas des plus prudents, d’après mon humble opinion.

— Croyez-vous qu’il y aura bataille ? demandai-je.

— Non, dit Henderland ; ils sont désarmés ou on le suppose ; car il y a encore pas mal de ferraille cachée dans des endroits sûrs. Colin Campbell arrive, amenant les soldats. Et malgré tout cela, si j’étais sa dame, je ne serais pas rassurée tant que je ne le verrais pas de retour. Ce sont des drôles de clients, les Appin Stewarts.

Je lui demandai s’ils étaient pires que leurs voisins.

— Eux ! non, dit-il, et c’est ce qu’il y a de plus terrible dans l’affaire. Car si Colin Campbell réussit à exécuter son projet dans Appin, il se mettra à la besogne pour recommencer dans le pays d’à côté, qu’on appelle Mamore et qui est une des terres des Camerons. Il est l’agent du Roi pour les deux pays, et des deux pays il doit chasser les tenanciers. Vraiment, monsieur Balfour, pour être franc avec vous, je crois bien que s’il échappe aux uns, les autres ne le manqueront pas.

Nous continuâmes notre route en causant ainsi pendant une grande partie de la journée. Enfin, après m’avoir dit qu’il était charmé de ma société, et enchanté d’avoir rencontré un ami de M. Campbell, que, dit-il, « je me permettrai d’appeler le doux poète de notre Sion covenantaire », M. Henderland me proposa de faire une courte halte, et de passer la nuit chez lui, un peu au delà de Kingairloch.

Pour dire la vérité, je fus très heureux de cette pro-