Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/246

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sieurs de ces domaines et j’ai derrière moi douze escouades de soldats.

— J’ai entendu quelques mots çà et là dans le pays, répondis-je, quelque peu embarrassé. On m’a dit que vous étiez un homme dur à mener.

Il continua à me regarder, comme s’il ne savait que penser.

— Bon, dit-il enfin, vous avez la langue bien pendue, mais je ne déteste pas le franc parler. Si vous m’aviez demandé le chemin qui mène chez James Stewart un autre jour que celui-ci, je vous l’aurais montré et vous aurais souhaité bon voyage. Mais aujourd’hui ? Eh ! Mungo…

Et il se tourna pour regarder le légiste.

Au moment même où il faisait ce mouvement, une détonation d’arme à feu retentit dans le haut de la montagne, et le son fut immédiatement suivi de la chute de Glenure sur la route.

— Oh ! je suis mort, cria-t-il à plusieurs reprises.

Le légiste l’avait relevé et le soutenait dans les bras.

Le domestique se tenait debout près de lui, en se tordant les mains.

Alors le blessé promena de l’un à l’autre ses yeux égarés, et il y eut dans le timbre de sa voix un changement qui allait au cœur.

— Ne songez qu’à vous-mêmes, dit-il, je suis mort.

Il fit un effort pour ouvrir ses habits comme s’il voulait voir la blessure, mais ses doigts glissèrent sur les boutons.

Alors il exhala un grand soupir. Sa tête tomba sur ses épaules et il mourut.

Le légiste n’avait pas dit un mot, mais sa figure avait une expression aussi pointue qu’une plume. Elle était blanche comme celle du mort.