Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/272

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Il nous trouva dans une vallée immense, parsemée de rochers et parcourue par une rivière écumante.

Elle était entourée de montagnes sauvages.

Il n’y poussait ni gazon ni arbres, et souvent, depuis, j’ai pensé que ce devait être la vallée de Glencoe, où eut lieu le massacre, sous le roi Guillaume.

Quant aux détails de notre itinéraire, je n’en puis vraiment rien dire ; tantôt nous prenions des raccourcis brusques, tantôt nous faisions de grands détours. Notre allure était des plus rapides, nous voyagions ordinairement de nuit, les noms des localités que je demandais et que j’entendais étant en langue gaélique, je les ai facilement oubliés.

La première lueur de l’aube nous montra cet horrible endroit, et je vis aussitôt Alan froncer les sourcils.

— Voilà un pays qui n’est point fait pour vous ni pour moi dit-il. C’est un endroit où ils sont obligés de monter la garde et d’ouvrir les yeux.

En disant ces mots, il descendit en redoublant de vitesse dans sa course vers un endroit où la rivière était divisée en deux lits par trois rochers.

Elle s’y jetait avec un affreux bruit de tonnerre qui me donna le frisson.

Du lit de la rivière s’élevait un léger brouillard d’écume.

Alan ne regarda ni à droite ni à gauche, mais il bondit et arriva juste sur le rocher du milieu, où il tomba à quatre pattes afin d’avoir plus de prise. Le rocher était en effet assez peu étendu, et il eût pu piquer une tête par-dessus l’autre côté.

J’avais eu à peine le temps de mesurer la distance ou de me rendre compte du danger, que je m’étais élancé après lui. Il me saisit et m’arrêta.