Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/274

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Sans doute je n’atteignis le rocher que du bout des bras. Mes mains glissèrent, puis retrouvèrent prise et glissèrent de nouveau, quand Alan me saisit, d’abord par les cheveux, puis par le collet, et d’un vigoureux effort, m’attira à lui sain et sauf.

Il ne dit pas un mot, mais se remit à courir de toutes ses forces.

Il me fallut me relever en chancelant et courir après lui.

J’étais déjà fatigué, mais cette fatigue était devenue accablante. J’avais des contusions. L’eau-de-vie m’avait enivré.

Tout en courant, je butais. J’éprouvais un point de côté qui faillit me jeter à bas et lorsqu’enfin Alan s’arrêta au pied d’un gros rocher qui se dressait parmi un grand nombre d’autres, il n’était que temps pour David Balfour. Un grand rocher, ai-je dit. En réalité il y avait là deux rochers qui se touchaient par le sommet : tout deux avaient une vingtaine de pieds de haut et semblaient à première vue inaccessibles.

Même Alan, dont vous eussiez pu dire avec raison qu’il avait quatre mains, échoua deux fois dans leur ascension.

Ce ne fut qu’à la troisième tentative, en montant sur mes épaules et se donnant un élan si énergique, que je crus avoir les clavicules cassées, qu’il parvint à se hisser.

Une fois là, il me tendit sa ceinture de cuir, et avec cette aide et celle de deux ou trois creux où mon pied avait prise, je grimpai près de lui.

Alors je compris pourquoi nous étions venus là.

Les deux rochers, ayant une légère dépression à leur sommet, et s’inclinant l’un vers l’autre, formaient ainsi