Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/283

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plongés dans cette eau courante, jusqu’à ce que sa fraîcheur nous fît souffrir, et enfin, éprouvant un soulagement, un étonnant retour de forces, nous ouvrîmes le panier aux provisions, pour faire du drammach dans la poêle.

Quoique ce mets soit tout simplement du biscuit d’avoine délayé dans de l’eau froide, ce n’en est pas moins un bon plat pour un homme affamé, et quand on n’a rien de ce qu’il faut pour faire du feu, ou bien qu’on a de bonnes raisons pour n’en pas faire, comme c’était notre cas, c’est le plat de résistance des gens qui ont gagné la lande.

Dès que la nuit nous eût entourés de ses ombres, nous nous remîmes en route. Nous marchions d’abord avec les mêmes précautions, mais bientôt l’on s’enhardit, on marcha en se tenant debout, et à un bon pas.

La route était très compliquée. Elle suivait les pentes raides des montagnes, ou bords extrêmes des escarpements à pic. Des nuages étaient survenus après le crépuscule, la nuit fut sombre et fraîche, de sorte que je marchai sans grande fatigue, mais en craignant à chaque instant de tomber et de rouler le long des pentes, sans me rendre compte de notre direction.

La lune se montra enfin et nous trouva encore en route.

Elle était à son dernier quartier, et elle avait été longtemps masquée par les nuages, mais elle brilla alors de tout son éclat, et me fit voir en grand nombre les noires cimes des montagnes. Elle était réfléchie bien au-dessous de nous par l’étroit bras de mer d’un loch.

À cette vue, nous nous arrêtâmes tous deux.

Pendant que je m’émerveillais de me voir à une telle