Page:Stevenson - Enlevé !.djvu/76

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Sous le Ciel vaste et plein d’étoiles,
Creusez ma fosse et laissez-moi là en paix.
Content j’ai vécu, et content je meurs
Et je me suis couché avec un désir :

Voici les vers que vous graverez pour moi :
Il repose là même où il aspirait à être,
Il est chez lui, le marin, chez lui au retour de la mer,
Il est chez lui, le chasseur au retour de la colline.


Un an plus tard, Tuimalcalï fano et son village de Falelata, Scumanutafa, le chef d’Apia, les villages de Vaiée et de Safata, Falefa et bien d’autres, rapporte Mme Isobel Osbourne Strong, venaient à Vaïlima pleurer Tusitala « qui dort dans la forêt », Tusitala « qui n’est plus à Vaïlima et qui n’y reviendra plus[1] ».

En Europe et en Amérique, la mort du romancier ne causa pas moins de stupeur. C’était à coup sûr une grande force littéraire qui disparaissait, un grand et noble forgeur de la phrase qui s’éteignait, sa tâche achevée.

Stevenson est par excellence l’artiste moderne dans la littérature anglaise de la fin du xixe siècle avec tout ce que ce mot remporte de complication et de recherche.

On a comparé l’art de Stevenson à celui de Scott. Mais il faut le constater, leurs procédés différaient essentiellement. Scott puisait dans un trésor inépuisable l’érudition, l’invention, l’humour, le pathétique, et les prodiguait sans

  1. Chant indigène en l’honneur de Stevenson.