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Page:Stevenson - L'Île au trésor, trad. Savine-Lieutaud.djvu/18

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chement, toujours à raison d’un chapitre par jour, j’achevai L’Ile au Trésor.

Il fallait en faire une copie fidèle.

Ma femme était malade ; des croyants seul restait l’écolier ; John Addington Symonds (à qui, timidement, j’insinuai que j’avais pris des engagements) me regarda de travers.

Il désirait très ardemment alors que je traitasse des Caractères de Théophraste, tant vont loin au delà du raisonnable les jugements des hommes les plus savants. Symonds (à dire vrai) était peu porté à se prendre de sympathie pour une histoire de gosses.

Il avait l’esprit large.

C’était « un homme complet » s’il en est un ; mais le vrai nom de mon entreprise ne lui suggérait que l’idée de capitulations de conscience et de solécismes de style.

Hélas ! il n’était pas loin de la vérité !

L’Ile au Trésor — ce fut M. Henderson qui effaça le premier titre, Le Cuisinier du Bord — parut, comme il convenait, dans le journal Pour les Enfants, parmi un ignoble mélange sans gravures qui n’attira pas la moindre attention.

Je m’en souciai peu.

J’aimais le récit que j’avais écrit beaucoup pour la raison qui l’avait fait aimer à mon père dès le commencement.

C’était mon goût du pittoresque qui l’emportait.

Je n’étais pas peu orgueilleux également de John Silver ; j’admirais alors ce mielleux et formidable aventurier.

Chose infiniment plus réjouissante, j’avais franchi une barrière, j’avais fini un roman et écrit le mot « Fin » sur mon manuscrit, comme je ne l’avais pas fait depuis La Révolte de Pentland, alors que j’étais un jeune garçon de seize ans, même pas encore collégien.

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