Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. André Laurie.djvu/131

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« Allons, fit Hands, attention maintenant ; voici un endroit qui semble fait exprès pour s’y échouer. Du beau sable fin, pas ombre de roche, des arbres tout alentour, et, à deux pas, une vieille épave toute fleurie, — un vrai jardin, quoi !…

— Et une fois échoués, demandai-je, comment ferons-nous pour nous remettre à flot ?

— Oh ! ce n’est pas difficile, me dit-il. Nous voici échoués sur la rive droite, n’est-ce pas ?… Eh bien, à marée basse, on porte une amarre sur la rive gauche, en suivant la côte, si l’on n’a pas de chaloupe ; on passe cette amarre autour du tronc d’un de ces gros pins, on la rapporte à bord, on l’attache au cabestan, et il n’y a plus qu’à attendre l’arrivée de la marée. Le flot venu, tout le monde tire sur l’amarre, et le tour est fait… Mais assez causé, voici le moment critique ! Nous touchons ou peu s’en faut, et le schooner a trop de force… Barre à tribord ?… dur !… À bâbord, maintenant !… en douceur !… Là ! nous y voici…

J’exécutais ses ordres à la lettre et sans seulement prendre le temps de respirer. Tout à coup il cria :

« Et maintenant, mon garçon, arrive en grand !… ferme !… »

J’appuyai de toutes mes forces sur la barre, l’Hispaniola vira rapidement, courut droit vers la rive basse et boisée….