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L’ÎLE AU TRÉSOR

blement perdu ? Au coup de canon, comment oserais-je regagner les embarcations, parmi ces bandits encore sanglants de leur crime ? Le premier qui m’apercevrait ne me tordrait-il pas le cou comme à un poulet ? Mon absence à elle seule ne me condamnait-elle pas à leurs yeux ? Tout était fini, pensais-je. Adieu Hispaniola, adieu chevalier, docteur, capitaine ! Mourir de faim ou mourir sous les coups des révoltés, je n’avais pas d’autre choix.

Cependant, comme je l’ai dit, je courais toujours, et, sans m’en apercevoir, j’étais arrivé au pied de la petite montagne à deux sommets, dans une partie de l’île où les chênes verts croissaient moins dru et ressemblaient davantage à des arbres forestiers par le port et les dimensions. Il s’y entremêlait quelques pins solitaires qui atteignaient en moyenne cinquante pieds et quelques-uns jusqu’à soixante-dix. L’air, en outre, semblait plus pur que dans les bas-fonds voisins du marigot.

Et voici qu’une nouvelle alerte m’arrêta court, le cœur palpitant.