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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/209

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MON AVENTURE EN MER

ensoleillé et aux aspects divers de la côte. J’avais désormais de l’eau à discrétion et de bonnes choses à manger, et la superbe conquête que je venais de faire apaisait ma conscience, qui m’avait cruellement reproché ma désertion. Il ne me serait plus rien resté à désirer, n’eussent été les yeux du quartier-maître, qui me suivaient ironiquement par tout le pont, et l’inquiétant sourire qui se jouait continuellement sur son visage. Ce sourire contenait un mélange de souffrance et de faiblesse… comme le sourire hébété d’un vieillard ; mais il y avait en outre dans son air un grain de moquerie, une ombre d’astucieuse traîtrise, tandis que de son coin il me guettait et me guettait sans relâche, au cours de mon travail.