Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXVI

Israël Hands

Nous servant à souhait, le vent avait passé à l’ouest. Nous n’en devions courir que plus aisément depuis la pointe nord-est de l’île jusqu’à l’entrée de la baie du Nord. Mais, comme nous étions dans l’impossibilité de mouiller l’ancre et que nous n’osions nous échouer avant que la marée eût monté encore passablement, nous avions du temps de reste. Le quartier-maître indiqua la façon de mettre le navire en panne : j’y réussis après plusieurs tentatives, et nous nous installâmes en silence pour faire un autre repas.

— Capitaine, me dit-il enfin, avec le même sourire inquiétant, il y a là mon vieux camarade O’Brien ; je suppose que tu vas le balancer par-dessus bord. Je ne suis pas trop délicat en général, et je ne me reproche pas de lui avoir fait son affaire ; mais je ne le trouve pas très décoratif. Et toi ?

— Je ne suis pas assez fort, répondis-je, et la corvée ne me plaît pas. Pour ce qui me concerne, il peut rester là.

— C’est un navire de malheur que cette Hispaniola, Jim, continua-t-il en clignant de l’œil. Il y a eu un tas d’hommes tués, sur cette Hispaniola