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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/215

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MON AVENTURE EN MER

Nord étaient aussi abondamment boisés que ceux du mouillage sud ; mais elle était de forme plus étroite et allongée, et ressemblait davantage à l’estuaire d’une rivière, comme elle l’était en effet. Droit devant nous, à l’extrémité sud, on voyait les débris d’un navire naufragé, au dernier degré du délabrement : jadis un grand trois-mâts, ce vaisseau était resté si longtemps exposé aux injures des saisons que les algues pendaient alentour en larges réseaux dégouttants, et que les buissons du rivage s’étaient propagés sur le pont et le couvraient d’une floraison dense. Spectacle mélancolique, mais qui nous démontrait le calme du mouillage.

— Maintenant, dit Hands, regarde : voilà un joli endroit pour y échouer un navire. Un fond plat de sable fin, pas une ride, des arbres tout autour, et des fleurs poussant comme un jardin sur ce vieux navire.

— Et une fois échoués, demandai-je, comment nous remettre à flot ?

— Eh bien, voilà : à marée basse, tu portes une amarre à terre là-bas de l’autre côté ; tu la tournes sur un de ces gros pins ; tu la ramènes, tu la tournes autour du cabestan et tu attends le flot. À marée haute, tout le monde hale sur l’amarre, et le bateau part en douceur. Et maintenant, mon garçon, attention. Nous sommes tout près de l’endroit, et nous gardons encore trop d’erre. Tribord un peu… bien… tout droit… tribord… bâbord… un peu… tout droit… tout droit !

Il lançait ses commandements, auxquels j’obéissais sans souffler. Enfin tout à coup il s’écria :

— Et maintenant, hardi ! lofe !

Je mis la barre au vent toute, et l’Hispaniola vira rapidement et courut l’étrave haute vers le rivage bas et boisé.