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Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/27

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LE VIEUX FLIBUSTIER

— Eh bien, voyons, fit le capitaine, vous m’avez retrouvé : me voici. Parlez donc. Qu’y a-t-il ?

— C’est bien toi, Bill, répliqua Chien-Noir. Il n’y a pas d’erreur, Billy. Je vais me faire servir un verre de rhum par ce cher enfant-ci, qui m’inspire tant de sympathie, et nous allons nous asseoir, s’il te plaît, et causer franc comme deux vieux copains.

Quand je revins avec le rhum, ils étaient déjà installés de chaque côté de la table servie pour le déjeuner du capitaine : Chien-Noir auprès de la porte, et assis de biais comme pour surveiller d’un œil son vieux copain, et de l’autre, à mon idée, sa ligne de retraite.

Il m’enjoignit de sortir en laissant la porte grande ouverte.

— On ne me la fait pas avec les trous de serrure, fiston, ajouta-t-il.

Je les laissai donc ensemble et me réfugiai dans l’estaminet.

J’eus beau prêter l’oreille, comme de juste, il se passa un bon moment où je ne saisis rien de leur bavardage, car ils parlaient à voix basse ; mais peu à peu ils élevèrent le ton, et je discernai quelques mots, principalement des jurons, lancés par le capitaine.

— Non, non, non, et mille fois non ! et en voilà assez ! cria-t-il une fois.

Et une autre :

— Si cela finit par la potence, tous seront pendus, je vous dis !

Et tout à coup il y eut une effroyable explosion de blasphèmes : chaises et table culbutèrent à la fois ; un cliquetis d’acier retentit, puis un hurlement de douleur, et une seconde plus tard je vis Chien-Noir fuir éperdu, serré de près par le capitaine, tous deux coutelas au poing, et le premier saignant abondam-