Page:Stevenson - L’Île au trésor, trad. Varlet.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
276
L’ÎLE AU TRÉSOR

Le docteur lui extirpa ce secret dans l’après-midi de l’attaque. Le lendemain, voyant le mouillage désert, il alla trouver Silver, lui remit la carte, désormais inutile ; lui remit les provisions, car la grotte de Ben Gunn était bien approvisionnée de viande de chèvre salée par lui ; lui remit tout sans exception, pour obtenir de quitter librement la palanque et de se retirer sur la montagne à deux sommets, afin d’y être à l’abri de la malaria et de veiller sur le trésor.

— Quant à vous, Jim, me dit-il, c’était bien à regret, mais j’ai agi au mieux de ceux qui étaient restés fidèles à leur devoir ; et si vous n’étiez pas du nombre, à qui la faute ?

Ce matin-là, en découvrant que je serais englobé dans l’affreuse déconvenue qu’il avait ménagée aux mutins, il avait couru tout d’une traite jusqu’à la grotte, laissant le capitaine sous la garde du chevalier et, prenant avec lui Gray et le marron, il avait traversé l’île en diagonale, pour aller s’embusquer auprès du pin. Mais il s’aperçut bientôt que notre troupe avait de l’avance sur lui. L’agile Ben Gunn fut expédié en éclaireur pour faire de son mieux à lui seul. C’est alors que Ben avait eu l’idée de mettre à profit les superstitions de ses ex-camarades. Il y réussit à un tel point que Gray et le docteur eurent le temps d’arriver et de s’embusquer avant la venue des chercheurs de trésor.

— Ah ! docteur, fit Silver, j’ai eu de la chance d’avoir Hawkins avec moi. Vous auriez laissé tailler en pièces le vieux John sans lui accorder une pensée.

— Pas une, répondit le médecin avec jovialité. Nous étions arrivés aux yoles. S’armant de la pioche, le docteur démolit l’une d’elles, et tout le