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LE MAÏTRE-COQ

jugeotte, et ce n’est pas du nouveau. Mais tu es capable d’écouter, je pense ; du moins, tes oreilles sont assez grandes. Or, voici ce que je dis : vous coucherez à l’avant, et vous aurez la vie dure, et vous filerez doux, et vous resterez sobres, jusqu’à ce que je donne l’ordre d’agir ; et tu peux m’en croire, mon gars.

— Eh ! est-ce que je te dis le contraire ? grommela le quartier-maître. Je demande seulement : pour quand est-ce ? Voilà tout ce que je dis.

— Pour quand ? par tous les diables ! s’écria Silver. Eh bien donc, si tu veux le savoir, je vais te le dire, pour quand. Pour le plus tard qu’il me sera possible, voilà ! Nous avons un navigateur de première classe, le capitaine Smollett, qui dirige pour nous ce sacré navire. Il y a ce chevalier et ce docteur qui ont une carte et le reste… Je ne sais pas où elle est, cette carte, moi. Toi non plus, n’est-ce pas ? Alors donc, je veux que ce chevalier et ce docteur trouvent la marchandise et nous aident à l’embarquer, par tous les diables ! Alors nous verrons. Si j’étais sûr de vous tous, doubles fils de Hollandais, j’attendrais pour faire le coup que le capitaine Smollett nous ait ramenés à moitié chemin.

— Mais quoi, nous sommes tous des navigateurs ici à bord, je pense, répliqua le jeune Dick.

— Dis plutôt que nous sommes tous des matelots de gaillard d’avant, trancha Silver. Nous pouvons tenir une route donnée, mais qui saura l’établir ? Vous en seriez bien empêchés, tous tant que vous êtes, vous les gentilshommes de fortune. Si on me laissait faire, j’attendrais que le capitaine Smollett nous ait ramenés jusque dans les alizés, au moins ; comme ça, ni sacrés faux calculs, ni rationnement à une cuillerée d’eau par jour. Mais je vous connais.