Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/100

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— Une arbalète ! dit Matcham. Non, mon garçon, je n’aurais ni la force de la tendre, ni l’adresse de viser. Cela ne me servirait à rien, bon garçon. Mais je vous remercie.

La nuit était tombée, et, sous les arbres, ils ne pouvaient plus voir leurs visages.

— J’irai un peu avec vous, dit Dick. La nuit est sombre. Je voudrais au moins vous laisser sur un chemin. J’ai des pressentiments, vous pourriez vous perdre.

Sans un mot de plus il se mit en marche et l’autre le suivit.

L’obscurité devenait de plus en plus épaisse, et, çà et là seulement, dans des endroits découverts, ils apercevaient le ciel parsemé de petites étoiles. Au loin le bruit de la déroute de l’armée de Lancastre continuait à se faire entendre faiblement, mais à chaque pas s’éloignait derrière eux.

Au bout d’une demi-heure de marche silencieuse, ils arrivèrent à une large clairière de bruyère. Elle brillait sous la lumière des étoiles, hérissée de fougères, avec des bouquets d’ifs formant îlots. Et là ils s’arrêtèrent et se regardèrent.

— Vous êtes fatigué, dit Dick.

— Ah ! répliqua Matcham : je suis si fatigué qu’il me semble que je pourrais me coucher et mourir.

— J’entends le grondement d’une rivière, dit Dick, allons jusque-là, car je meurs de soif.