Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/99

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venir du forestier qu’il avait tué et, par-dessus tout, la vision de sa ceinture levée sur lui, étaient choses qu’il n’était pas facile d’oublier.

— Je vous remercierai pour la forme, dit Matcham. Mais vraiment, bon maître Shelton, j’aimerais autant trouver mon chemin tout seul. Voici un grand bois ; de grâce, choisissons chacun notre chemin ; je vous dois un dîner et une leçon ; adieu !

— Bah ! s’écria Dick, si cela est votre idée, qu’il en soit ainsi et que le diable vous emporte !

Chacun tourna de son côté et ils commencèrent à marcher séparément sans penser à leur direction, absorbés par leur querelle. Mais Dick n’avait pas fait dix pas qu’il était appelé par son nom et Matcham arrivait en courant.

— Dick, dit-il, c’était vilain de nous séparer si froidement. Voici ma main et mon cœur avec. Pour tout ce en quoi vous m’avez si bien servi et aidé, je vous remercie… non pour la forme mais du fond du cœur. Portez-vous bien !

— Bien, mon garçon, répliqua Dick en prenant la main qui lui était offerte, bonne chance pour vous si vous devez en avoir. Mais j’ai bien peur que non. Vous êtes trop querelleur.

Ainsi ils se séparèrent pour la seconde fois, et quelques instants après ce fut Dick qui courait après Matcham.

— Hé, dit-il, prenez mon arbalète ; vous ne pouvez aller ainsi sans armes.