Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/257

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geant de la tapisserie, il resta dans l’ouverture de la porte la main levée en signe d’avertissement. Lawless, la figure cramoisie, les yeux injectés, vacillait sur ses jambes, s’avançait en titubant. Enfin son œil aperçut vaguement son chef, et malgré les signaux impérieux de Dick, le salua aussitôt à haute voix par son nom.

Dick sauta sur lui et secoua furieusement l’ivrogne.

— Brute ! siffla-t-il, et non homme ! C’est pis qu’une trahison d’être aussi stupide. Nous pouvons être tous perdus grâce à ta sottise.

Mais Lawless ne fit que rire et chancela en voulant frapper le jeune Shelton sur l’épaule.

À ce moment l’oreille fine de Dick perçut un rapide frémissement dans la tapisserie. Il sauta vers le bruit, et, en un instant, un morceau de tenture était déchiré, et Dick et l’espion se débattaient tous deux dans ses plis. Ils roulaient l’un sur l’autre, cherchant mutuellement à se prendre à la gorge, tous deux gênés par la tenture et tous deux silencieux dans leur furie mortelle. Mais Dick était de beaucoup le plus fort, et bientôt l’espion était étendu sans défense sous son genou et, d’un seul coup du long poignard, il expira.