Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/299

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mais comme son compagnon insistait toujours, et que Dick eut le bon sens d’affecter l’indifférence d’une souche, et se contenta de hausser les épaules devant cette hésitation, le capitaine consentit enfin, et coupa les cordes qui attachaient les pieds et les jambes de son prisonnier. Cela ne permit pas seulement à Dick de marcher, mais tout l’enlacement de ses attaches étant relâché d’autant, il sentit que le bras derrière son dos commençait à remuer plus librement, et il espéra pouvoir, avec du temps et de la patience, se dégager entièrement. Il devait déjà cela à la bêtise aveugle et à la convoitise de maître Pirret.

Ce digne personnage prit la tête et les conduisit à la même taverne grossière où Lawless avait conduit Arblaster la nuit de la tempête. Elle était alors complètement déserte, le feu était une pile de tisons ardents, et répandait une chaleur torride ; et, quand ils eurent choisi leurs places, et que l’aubergiste eut posé devant eux une cruche d’ale chaude et épicée, Pirret et Arblaster étendirent leurs jambes et installèrent leurs coudes comme des gens disposés à passer un bon moment.

La table à laquelle ils étaient assis, comme toutes celles de la taverne, consistait en une forte planche carrée placée sur deux barriques ; et chacun des quatre compères si bizarrement assortis s’assit d’un côté du carré, Pirret faisant face à Arblaster, et Dick opposé au matelot.