Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/300

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— Et à présent, jeune homme, dit Pirret, à votre histoire. Il paraît vraiment que vous avez quelque peu maltraité notre compère Arblaster ; mais quoi ? Dédommagez-le, montrez-lui cette chance de devenir riche… et je me porte garant qu’il vous pardonnera.

Jusque-là, Dick avait parlé à tort et à travers : mais il fallait maintenant, sous la surveillance de six yeux, inventer et raconter quelque histoire merveilleuse, et, s’il était possible, de reprendre le très précieux cachet. Gagner du temps était la première nécessité. Plus longtemps il resterait, plus ses geôliers boiraient, et il serait d’autant plus sûr de réussir, quand il tenterait son évasion.

Dick n’était pas très inventif, et ce qu’il leur raconta ressemblait assez à l’histoire d’Ali Baba, avec Shoreby et la forêt de Tunstall substitués à l’Orient, et les trésors de la caverne plutôt exagérés que diminués. Comme le lecteur sait, c’est un conte excellent, qui n’a qu’un défaut… c’est de n’être pas vrai ; mais comme ces trois simples marins l’entendaient pour la première fois, les yeux leurs sortaient de la tête, et ils ouvraient la bouche comme une morue à l’étal d’un marchand de poisson.

Bientôt une seconde cruche d’ale épicée fut demandée, et, pendant que Dick continuait à raconter avec art les incidents de son histoire, une troisième suivit.