Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/311

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grimpa au dessus, et en moins d’une minute, sans un mot de part ni d’autre, les cinq hommes se balançaient, attachés par le cou.

— Et maintenant, s’écria le chef difforme, retournez à vos postes, et la première fois que je vous appellerai, soyez plus prompts à répondre.

— Seigneur duc, dit un homme, je vous en supplie, ne restez pas ici seul. Gardez une poignée de lances à portée.

— Garçon, dit le duc, j’ai négligé de vous reprocher votre lenteur. Ne me contredites donc pas. J’ai confiance en mon bras et en ma main, quoique je sois bossu. Vous étiez en arrière quand la trompette a sonné ; et vous êtes, à présent trop en avant avec vos conseils. Mais il en est toujours ainsi ; le dernier avec la lance et, le premier avec la langue. Que ce soit le contraire !

Et d’un geste qui ne manquait pas d’une sorte d’inquiétante noblesse, il les éloigna.

Les piétons regrimpèrent sur leurs sièges, derrière les hommes d’armes, et toute la troupe s’éloigna lentement et disparut en vingt directions différentes, sous le couvert de la forêt.

Le jour commençait alors à poindre et les étoiles à disparaître. La première teinte grise de l’aurore brillait sur les deux jeunes gens qui, de nouveau, se regardèrent.

— Eh bien, dit le duc, vous avez vu ma vengeance, qui est, comme ma lame, prompte et