Page:Stevenson - La Flèche noire.djvu/58

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le jurer sur la croix. Si je ne vous avais connu depuis longtemps… oui, voilà bien longtemps… je vous aurais laissé aller ; mais en souvenir des jours passés, et à cause de ce jouet que vous avez avec vous, qui n’est pas fait pour la bataille et les blessures, j’ai risqué mes deux pauvres oreilles pour vous passer sain et sauf. Contentez-vous de ça ; je ne peux pas faire plus, sur mon salut !

Hughes parlait encore, courbé sur ses rames, lorsqu’un grand cri sortit des saules de l’île, et l’on entendit dans le bois comme le bruit d’un homme vigoureux qui se fraye un chemin à travers les branches.

— La peste ! cria Hughes. Il a été tout le temps dans l’île d’en haut ! Il dirigea droit sur le rivage. Menacez-moi de votre arc, bon Dick ; visez-moi bien en face, ajouta-t-il. J’ai essayé de sauver vos peaux, sauvez la mienne à votre tour !

Le bateau se jeta contre un épais fourré de saules avec un craquement. Matcham, pâle, mais ferme et alerte, sur un signe de Dick courut le long des bancs de rameurs et sauta sur la berge ; Dick, prenant le cheval par la bride, tâcha de suivre ; mais, soit à cause de la taille du cheval, soit à cause de l’épaisseur du fourré, ils ne pouvaient avancer. Le cheval hennit et rua, et le bateau qui flottait dans un remous allait et venait et plongeait avec violence.

— Il n’y a pas moyen, Hughes, on ne peut pas