Page:Stevenson - Le Cas étrange du docteur Jekyll.djvu/163

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec raison dire que j’avais l’une, ce n’était que parce que je les possédais essentiellement toutes les deux. De bonne heure et avant que mes découvertes scientifiques eussent pu me faire entrevoir la moindre possibilité d’un tel miracle, j’avais appris à caresser avec plaisir, comme un rêve, la pensée de séparer ces éléments. « Si chacun d’eux, » me disais-je, « pouvait être logé séparément, la vie serait allégée de tout ce qui est insupportable ; le mal pourrait aller son chemin délivré de toutes les entraves que pourrait lui susciter une conscience gênante, et le bien pourrait suivre la grande route de la vertu en toute assurance et sécurité, se réjouissant de ses bonnes œuvres sans être exposé davantage à la disgrâce et aux remords qui pourraient lui être imposés par le côté pervers. Ce fut la malédiction de l’humanité que ces fagots si peu en rapports fussent