Sans dire un mot, Mr. Henry salua aussi, et les sabres se croisèrent.
Je ne suis pas juge du combat ; d’ailleurs, j’avais perdu la tête, de froid, de crainte et d’horreur ; mais il me semble que Mr. Henry prit et garda le dessus dès l’engagement, pressant son adversaire avec une furie contenue et bouillonnante. Il le serrait de plus en plus près, quand soudain le Maître fit un bond en arrière et étouffa un juron ; et je crois que ce mouvement lui mit une fois de plus la lumière dans les yeux. Ensuite, ils reprirent, sur le nouveau terrain ; mais d’un peu plus près, ce me semble, et Mr. Henry avec une ardeur toujours croissante, le Maître avec une confiance sans nul doute ébranlée. Car il est sûr qu’il se sentait perdu, et goûtait quelque chose de la froide agonie de la peur ; sinon, il n’eût pas tenté son coup de traître. Je ne puis dire que je le suivais, car mon œil inexpert n’était pas assez prompt pour saisir les détails, mais il dut empoigner la lame de son frère avec sa main gauche, – pratique non autorisée. – Il est sûr que Mr. Henry ne se sauva qu’en faisant un bond de côté ; et sûr aussi que le Maître, emporté par son élan, tomba sur un genou, et, avant qu’il pût faire un geste, il avait reçu le sabre dans le corps.
Je poussai un cri étouffé, et accourus ; mais le corps était déjà étendu sur le sol, où il se débattit un instant comme un ver écrasé, puis resta immobile.
– Regardez sa main gauche, dit Mr. Henry.
– Elle est pleine de sang, dis-je.
– À l’intérieur ? demanda-t-il.
– Elle est coupée à l’intérieur, répondis-je.
– Je le pensais, dit-il, en tournant le dos.
J’ouvris les vêtements de l’homme ; le cœur était muet : il ne battait plus.
– Dieu nous pardonne, Mr. Henry ! m’écriai-je. Il est mort !
– Mort ? répéta-t-il, avec stupeur ; puis, élevant la voix : – Mort ? mort ? dit-il. Et tout à coup il jeta sur le sol son sabre ensanglanté.
– Qu’allons-nous faire ? dis-je. Soyez vous-même,