Page:Stevenson - Le Maître de Ballantrae, 1989.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Une détresse m’envahit ; il était clair que je n’avais rien à attendre de Mr. Henry.

– Allons, dis-je, restez ici, je me charge de tout.

Et prenant un flambeau à la main, je m’avançai hors de la pièce dans l’obscurité de la maison. Personne ne bougeait : il était à croire qu’on ne s’était aperçu de rien ; et j’avais à chercher le moyen d’accomplir le reste dans le même secret. Ce n’était pas l’heure des cérémonies : j’ouvris la porte de Mylady sans me donner la peine de frapper, et pénétrai directement chez elle.

– Il est arrivé un malheur ! s’écria-t-elle, de son lit, en se mettant sur son séant.

– Madame, dis-je, je vais retourner dans le corridor, et vous vous vêtirez au plus vite. Il y a beaucoup à faire.

Elle ne me harcela point de questions, et ne se fit pas attendre. Je n’avais pas eu le temps de préparer un mot de ce que je devais lui dire, lorsqu’elle apparut sur le seuil et me fit signe d’entrer.

– Madame, dis-je, si vous n’êtes pas résolue à montrer beaucoup de courage, j’irai m’adresser ailleurs ; car si personne ne m’aide cette nuit, c’en est fait de la maison de Durrisdeer.

– Je suis pleine de courage, dit-elle ; et elle me regarda avec une espèce de sourire, très pénible à voir, mais très brave aussi.

– On en est venu à un duel, dis-je.

– Un duel ? répéta-t-elle. Un duel ? Henry et…

– Et le Maître, dis-je. On a supporté si longtemps des choses, des choses dont vous ne savez rien, et que vous ne croiriez pas si je vous les disais. Mais cette nuit, cela a été trop loin, et lorsqu’il vous eut insultée…

– Attendez, dit-elle. Qui, il ?

– Oh ! Madame, m’écriai-je, donnant libre cours à mon amertume, vous me posez une telle question ? En ce cas, je n’ai plus qu’à chercher de l’aide ailleurs. Il n’y en a pas ici !