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IX

Le voyage de Mr. Mackellor avec le Maître


La chaise arriva devant la porte au milieu d’un brouillard épais et humide. Nous prîmes congé en silence du château de Durrisdeer qui apparaissait avec ses chéneaux crachants et ses fenêtres closes comme un lieu voué à la mélancolie. Le Maître garda la tête à la portière, pour jeter un dernier regard sur ces murs éclaboussés et ces toits ruisselants, jusqu’à leur brusque disparition dans le brouillard ; et je pense qu’une tristesse réelle envahit cet homme à l’instant du départ ; à moins qu’il ne pressentît le dénouement ? Quoi qu’il en fût, lors de la longue montée sur la lande au partir de Durrisdeer, que nous fîmes en marchant côte à côte sous la bruine, il se mit à siffler, puis chanter, le plus triste de nos airs rustiques, celui qui fait pleurer les gens dans les tavernes, « Willie-le-Vagabond ». Les paroles qu’il y appliqua, je ne les ai jamais entendues ailleurs, ni ne les ai vues imprimées ; quelques vers seulement, mieux appropriés à notre exode, me sont restés à la mémoire. Un couplet commençait :

Le home était le home, alors, ô mon ami, tout plein de chers visages ;
Le home était le home, alors, ô mon ami, heureux pour les enfants,