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Ce qui se passa à New York


J’étais résolu, ai-je dit, à prendre les devants sur le Maître ; et cette résolution, grâce à la complicité du capitaine Mac Murtrie, fut exécutée sans peine : un canot étant à demi chargé sur un flanc du navire, et le Maître placé à son bord, cependant ma yole démarra de l’autre, qui m’emmenait seul. Je n’eus pas la moindre difficulté à me faire enseigner l’habitation de Mylord, où je me rendis en toute hâte. C’était, aux abords extérieurs de la ville, une résidence très convenable, située dans un beau jardin, avec des communs fort vastes, granges, resserres et écuries tout ensemble. C’était là que mon maître se promenait lors de mon arrivée ; il en faisait d’ailleurs son lieu favori ; car il était alors engoué d’exploitation agricole. Je l’abordai tout hors d’haleine, et lui communiquai mes nouvelles ; nouvelles qui n’en étaient pas, plusieurs navires ayant dépassé le Nonesuch dans l’intervalle.

– Nous vous attendions depuis longtemps, dit Mylord, et même, ces jours derniers, nous avions cessé de vous attendre. Je suis heureux de vous serrer la main encore une fois, Mackellar. Je vous croyais au fond de la mer.

– Ah ! Mylord, plût à Dieu que ce fût vrai ! m’écriai-je. Cela vaudrait mieux pour vous.

– Pas du tout, dit-il, d’un air sardonique. Je ne pouvais désirer mieux. La note à payer est longue, et, aujourd’hui, enfin ! je puis commencer à la régler.

Je me récriai devant son assurance.