Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/182

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— Est-ce que, avec la loi, vous ne pourriez rien contre lui ? suggéra Catherine.

— Non, pas pour le moment du moins ! répondit Michel. Mais, dites donc, Catherine ! Vraiment je ne trouve pas que ce vin rouge soit une boisson bien saine ! Allons ! ayez un peu de cœur, et donnez-moi un verre d’eau-de-vie !

Le visage de Catherine prit la dureté du diamant.

— Eh bien ! puisque c’est ainsi, grommela Michel, je ne mangerai plus rien !

— Ce sera comme vous voudrez, monsieur Michel ! dit Catherine.

Après quoi elle se mit tranquillement à desservir la table.

« Comme je voudrais que cette Catherine fût une servante moins dévouée ! » soupira Michel en refermant sur lui la porte de la maison.

La pluie avait cessé. Le vent soufflait encore, mais plus doucement, et avec une fraîcheur qui n’était pas sans charme. Arrivé au coin de King’s Road, Michel se rappela tout à coup son verre d’eau-de-vie, et entra dans une taverne brillamment éclairée. La taverne se trouvait presque remplie. Il y avait là deux cochers de fiacre, une demi-douzaine de sans-travail professionnels ; dans un coin, un élégant gentleman essayait