Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

romans-feuilletons ! Je passais à côté des plus ravissantes maisons de campagne sans même les honorer d’un regard ! Comme il faut peu de temps pour mûrir un homme ! »

Le lecteur intelligent reconnaîtra tout de suite, et d’après ce simple monologue, les ravages causés dans le cœur de Gédéon par les beaux yeux de Mlle Hazeltine. L’avocat, au sortir de John Street, avait conduit la jeune fille dans la maison de son oncle, M. Bloomfield ; et ce personnage, ayant appris de son neveu qu’elle était victime d’une double oppression, l’avait prise bruyamment sous sa protection.

— Je me demande qui est le pire des deux, s’était-il écrié : ce vieil oncle sans scrupules, ou ce grossier jeune coquin de neveu ! En tout cas, je vais tout de suite écrire au Pall Mall, pour les dénoncer ! Quoi ! Vous dites que non ? Pardon, monsieur, il faut qu’ils soient dénoncés ! C’est un devoir public… Comment ? Vous dites que cet oncle est un conférencier radical ? En ce cas, oui, vous avez raison, la chose doit être menée avec plus de réserve ! Je suis sûr que ce pauvre oncle aura été scandaleusement trompé !

De tout cela résulta que M. Bloomfield ne mit pas à exécution son projet de lettre à la Pall Mall Gazette. Il déclara seulement que miss