Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/11

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à une multitude de conventions artistiques, et le résultat, en somme, ne peut jamais être qu’une espèce de compromis. Mais cette copie est un travail rempli de révélations. Tout admirateur passionné de l’art délicat de Stevenson que j’étais déjà, je n’avais jamais mesuré complètement la perfection technique de sa méthode, la subtilité de ses nuances, avant d’avoir essayé de les reproduire dans une autre langue, quelque familière que pût m’être cette dernière.

De fait, la prose de Stevenson — travaillée, étudiée, ciselée, un peu précieuse même, prose où, ainsi que dans un poème parachevé, les mots se parent de couleurs nouvelles et inimitables, et prennent une force inaccoutumée, selon la place que leur assigne dans la période le génie de l’écrivain — n’est pas traduisible dans le sens rigoureux du mot. En pareil cas, il y a deux méthodes à suivre : l’une est celle de la traduction tout à fait libre, adoptant la paraphrase partout où l’équivalent ne se rencontre pas aisément, ne cherchant qu’à rendre l’effet général, qu’à répéter dans une autre langue l’histoire imaginée par l’auteur, sans trop se préoccuper de sa manière, de son style enfin. Avec cette méthode, le résultat est un livre marqué plus spécialement au coin du talent littéraire du