CHAPITRE V
… GONDREMARK EST CHEZ MADAME
La comtesse de Rosen avait dit vrai. Le fameux premier ministre de Grunewald se trouvait déjà renfermé avec Séraphine. La toilette était achevée, et la princesse, habillée avec goût, était assise devant un haut miroir. La description de Sir John était méchamment exacte, exacte dans les termes ; mais néanmoins un libelle, un chef-d’œuvre de misogynie. Son front était peut-être un peu haut, mais cela lui allait. Ses épaules pouvaient être un peu rondes, mais chez elle chaque détail était parachevé comme un joyau : la main, le pied, l’oreille, le port de sa tête gracieuse, tout était délicat et harmonieux. Sinon parfaitement belle, elle était du moins vive, changeante, colorée, jolie de mille jolies façons. Et quant à ses yeux, s’il était vrai qu’elle en jouait avec un peu trop d’affectation, du moins en jouait-elle bien. De tous ses traits c’était là ce qu’elle avait de plus attrayant. Et cependant ils rendaient constamment faux témoignage contre ses pensées, car, quoique du fond de son cœur encore inépanoui, inadouci,