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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

cette nuit même, le fermier dont nous parlions tantôt.

— Dieu sait ce que vous voulez dire, s’écria-t-elle. Je ne comprends pas, mais cela ne fait rien. Mon désir de vous faire plaisir est sans bornes. Considérez donc le fermier comme établi.

— Je poserai la question d’une autre façon, répliqua Othon : — Avez-vous jamais volé ?

— Souvent, s’écria la comtesse. J’ai rompu tous les dix commandements ; et si demain il s’en trouvait de nouveaux à rompre, je ne pourrais dormir que je n’en eusse fait de même des nouveaux.

— Il s’agit de vol avec effraction. À la vérité je pensais bien que cela vous amuserait, dit le prince.

— Je n’ai aucune expérience pratique, répliqua-t-elle. Mais, Dieu ! que de bonne volonté !… Dans mon temps, j’ai brisé une boîte à ouvrage, ainsi que plusieurs cœurs, y compris le mien ; mais je n’ai jamais brisé de portes. Cela ne doit pourtant pas être d’une grande difficulté : les péchés sont si prosaïquement faciles à commettre ! Qu’allons-nous briser ?

— Madame, dit Othon, nous allons forcer la porte du Trésor.

Et là-dessus il se mit à lui esquisser brièvement, spirituellement, et avec çà et là un aperçu pathétique, l’histoire de sa visite à la ferme, de sa promesse de l’acheter, et du refus qu’il avait ce matin même éprouvé au Conseil, touchant sa demande de fonds. Il conclut par quelques observations pratiques au sujet des fenêtres de la trésorerie, des facilités et des difficultés qu’on aurait à rencontrer dans l’accomplissement de cet exploit.