suivre : le Prince daignait recevoir Madame la Comtesse de Rosen.
Othon était assis au coin du feu, dans le grand cabinet d’armes. Les lames et les cuirasses reflétaient de toutes parts autour de lui la lumière changeante du foyer. Sa figure portait la trace de larmes ; il avait l’air triste et aigri, et ne se leva pas pour recevoir la visite. Il salua, et congédia le domestique. L’espèce de tendresse universelle qui, chez la comtesse, servait à la fois de cœur et de, conscience, fut vivement émue à ce spectacle de douleur et de faiblesse. Elle entra de suite dans son rôle : sitôt qu’ils se trouvèrent seuls, elle fit un pas en avant, et, avec un geste superbe : — Debout ! s’écria-t-elle.
— Madame de Rosen, répondit tristement Othon, vous vous servez de termes étranges. Vous parlez de vie et de mort. Et qui donc, Madame, menace-t-on ? Qui, ajouta-t-il amèrement, peut être assez dénué pour qu’Othon de Grunewald puisse lui être de secours ?
— Apprenez d’abord, dit-elle, le nom des conspirateurs : la princesse et le baron de Gondremark… Ne devinez-vous pas le reste ? — Et, comme il gardait toujours le silence : — C’est vous, s’écria-t-elle, en le désignant du doigt, c’est vous qu’ils menacent. Votre traîtresse et mon coquin se sont abouchés ensemble, et vous ont condamné. Mais ils ont compté sans vous et sans moi. Nous faisons partie carrée, mon prince, en amour comme en politique. Ils ont joué l’as… Nous couperons avec l’atout. Allons, mon partenaire, abattrai-je ma carte ?