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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

Oui, Madame, voici la lettre : voyez : le cachet en est intact, tel que je le trouvai ce matin auprès de mon lit ; car j’étais de méchante humeur, et du reste je reçois souvent, beaucoup trop souvent de ces faveurs. Pour l’amour de vous, pour l’amour de mon Prince Charmant, pour l’amour de cette grande principauté dont la responsabilité pèse si lourdement sur votre conscience, ouvrez la lettre, et lisez !

— Dois-je comprendre, demanda la princesse, que cette lettre me concerne en quoi que ce soit ?

— Comme vous voyez, répliqua la Rosen, je ne l’ai pas ouverte. Mais elle m’appartient, et je vous prie de faire l’expérience.

— Je ne puis y jeter les yeux avant vous, dit Séraphine, fort sérieusement. Il pourrait s’y trouver des choses que je ne devrais pas voir. C’est une lettre personnelle.

La comtesse déchira l’enveloppe, regarda le billet, et le jeta à la princesse. Celle-ci le prit, reconnut l’écriture de Gondremark, et lut ces lignes :

« Chère Anna, venez à l’instant. Ratafia s’est exécutée : on va emballer son mari. Ceci met la mijaurée entièrement en mon pouvoir. Le tour est joué, il faudra maintenant qu’elle trotte à ma guise, ou elle me dira pourquoi. Venez vite !

» Henri. »

— Remettez-vous, Madame, dit la comtesse, remarquant, non sans alarme, la pâleur de Séraphine. C’est en vain que vous tenteriez de combattre Gondremark, il a bien d’autres ressources