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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

que sa faveur à la cour. Il pourrait demain vous abattre d’un mot. Sans cela je ne l’aurais pas trahi de la sorte : mais Henri est un homme, lui… Il joue avec vous tous comme avec autant de marionnettes. Maintenant du moins vous savez à quoi vous avez sacrifié mon prince. Madame !… ne prendrez-vous pas un doigt de vin ? J’ai été cruelle !

— Cruelle ? Non, Madame, mais salutaire, dit Séraphine avec un sourire spectral. Merci, non, je n’ai besoin d’aucun service. La surprise première m’a affectée. Donnez-moi un peu de temps. Il faut que je réfléchisse.

Elle se prit la tête entre les mains, et pendant quelque temps contempla la tempête confuse de ses pensées. — Cette information, dit-elle enfin, me parvient à l’heure où j’en ai le plus besoin. Je n’aurais pas pu faire ce que vous avez fait, cependant je vous en remercie… J’ai été bien déçue dans le baron de Gondremark.

— Eh ! Madame, laissez donc Gondremark, et songez au prince ! s’écria la Rosen.

— Vous parlez de nouveau au point de vue particulier, dit la princesse, mais je ne vous blâme pas. Mes pensées à moi sont plus affolées. Cependant, comme je crois que vous êtes une amie sincère de mon… du… comme je veux croire que vous êtes en vérité une amie pour Othon, je vais vous remettre à l’instant l’ordre de sa mise en liberté. Donnez-moi l’encrier. Là !

Et elle écrivit à la hâte, assurant son bras sur la table, car elle tremblait comme un roseau. — Souvenez-vous, Madame, reprit-elle en lui pré-