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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/250

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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

Elle n’avait plus qu’une idée bien claire : fuir. Une autre, plus obscure et repoussée à demi, bien qu’elle y obéît : fuir dans la direction du Felsenburg. Elle avait un devoir à remplir. Elle avait à délivrer Othon. Ainsi parlait son esprit, froidement ; mais son cœur accueillait bien l’idée de ce devoir, avec ardeur même, et ses mains brûlaient du désir de sentir encore une fois l’étreinte de la tendresse.

Elle se leva : ce souvenir l’avait fait tressaillir. Elle se replongea dans le taillis, descendant de l’autre côté. Les bois la reçurent, se refermèrent sur elle, et de nouveau elle recommença à errer fiévreusement dans le noir, sans encouragement, sans direction. Ici et là, à la vérité, par quelques crevasses du toit forestier, un faible rayon l’attirait ; ici et là un arbre se détachait d’entre ses voisins avec quelque force de contour ; ici et là encore, un effet, dans le feuillage, noirceur plus notable ou lueur douteuse, relevait, mais seulement pour l’exagérer, l’oppression solide de la nuit et du silence. Et alors l’obscurité informe semblait redoubler, et l’oreille de la nuit se tendre, pour écouler ses pas. Quelquefois elle s’arrêtait court, alors le silence grandissait, montait autour d’elle, venait lui serrer la gorge, et elle se reprenait à courir, trébuchant, tombant parfois, mais n’en courant que plus fort. Au bout de quelque temps la forêt tout entière commença à s’agiter, à bondir avec elle. Le bruit de sa course folle à travers le silence s’étendit d’échos en échos, et remplit la nuit de nouvelles terreurs. La panique la poursuivait, la panique la guettait entre les arbres, dont les