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HEUREUSE INFORTUNE

menez-moi au Felsenburg. J’ai là une affaire de la plus haute importance.

— Je n’ai rien à vous refuser, dit le vieux gentilhomme, et cette fois avec un sérieux parfait. Tout ce qu’il m’est possible de faire pour vous, Madame, je le ferai avec plaisir. Aussitôt que ma berline arrivera, elle sera à vos ordres pour vous transporter où bon vous semblera. Mais, ajouta-t-il, reprenant sa manière première, je remarque que vous ne me demandez rien au sujet de votre palais.

— Que m’importe ? dit-elle. Il m’a semblé qu’il brûlait.

— C’est prodigieux, dit le baronnet. Il vous a semblé… La perte de quarante toilettes vous laisse vraiment froide ? Certes, Madame, j’admire cette force de caractère. Et l’État ? Au moment de mon départ le gouvernement siégeait, — le nouveau gouvernement, dont deux des membres au moins ne vous sont pas inconnus de nom : Sabra, qui, je crois, a eu l’avantage de se former à votre service… un laquais, si je ne me trompe ? et notre vieil ami le chancelier, ce dernier occupant une position quelque peu subalterne. Mais dans ces convulsions les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers, comme dit l’Écriture.

— Sir John, dit-elle d’un air de vérité parfaite, je suis sûre que vous avez les meilleures intentions, mais ces affaires-là ne m’intéressent point.

Le baronnet fut complètement décontenancé, et l’apparition de sa berline fut la bienvenue. Pour dire quelque chose il proposa de marcher à sa ren-